Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/104

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étaient neuf lampes d’or continuellement allumées, et les parfums les plus précieux de l’Yemen brûlaient à ses pieds, sur les cadavres dont le sang fumant mêlait sa vapeur aux colonnes bleuâtres et légères de l’encens. Au moment où la princesse mit le pied dans le temple, c’est-à-dire lorsqu’elle entra dans le sanctuaire, le Singhille se prosterna aux pieds de son idole pour la remercier de l’honneur qu’il recevait.

— Pourquoi ces remerciemens, Mané ?… Est-ce donc la première fois, prêtre, que tu me vois dans ton sanctuaire ?… dans ce cloaque impur et sanglant ?…

Mané avait eu le temps de se remettre de la surprise où l’avait jeté l’arrivée de Zingha au milieu de la nuit. Il la connaissait, et savait qu’elle pouvait tout présumer sur l’altération seule de son visage. Il prit donc l’initiative, et, ramenant la mousseline qui lui servait de voile sur son visage, il se drapa de manière à ne laisser voir que ses petits yeux