Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pier était noir et ponceau. On avait brodé au bas de la jupe une guirlande de grenades doubles avec les feuilles d’une belle soie vert clair, mêlée de fils d’or ; dans les cheveux noirs de Mathilde étaient une branche de grenades et un nœud ou plutôt une écharpe pourpre brodée en or avec une frange d’or qui retombait sur le cou de Mathilde. Ses bras étaient nus, et ses mains faisaient habilement résonner deux castagnettes en bois noir, qui rendaient un son clair et perçant à chaque mouvement que faisait la danseuse pour marquer la mesure. Alphonse était confondu : jamais il n’avait parlé devant Mathilde de ce qui pouvait trop fortement lui rappeler sa patrie. Il craignait que son amour si bon, si généreux, ne fût blessé de ce qu’il souffrait encore auprès d’elle ; il se taisait ; mais souvent un soupir lui échappait lorsqu’il voyait la danse froide et sans âme des danseurs de l’Opéra. Et un soir, à souper chez madame de Gissey, Alphonse, entraîné par une impression