Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/188

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– Par pitié, monseigneur ! dit-il.

Un éclair de colère passa dans les yeux de M. de Luxembourg ; il se dégagea vivement, et saisissant Belle-Rose d’une main par le revers de son habit, de l’autre il prit un pistolet qu’il appuya contre sa poitrine. Le chien s’abattit, mais l’amorce seule brûla, et le duc, furieux, jeta l’arme à ses pieds. Pas un muscle du visage de Belle-Rose ne frissonna. Mais M. de Luxembourg s’était penché en avant. La violence de son mouvement avait entr’ouvert les vêtements de Belle-Rose, et sur la poitrine à demi nue du lieutenant brillait un médaillon d’or pendu à un cordonnet de soie. La main du général s’en empara.

– D’où tenez-vous ce médaillon ? s’écria-t-il d’une voix brève.

– Ce médaillon ?… je l’ai trouvé.

– Où ?

– À Saint-Omer.

– Quand ?

– En 1658. Mais que vous fait ce médaillon ? c’est de M. de Nancrais qu’il s’agit.

– Vous l’avez trouvé à Saint-Omer, en 1658 ? reprit le duc, vous ? vous-même ?

– Oui, moi, répondit Belle-Rose, qui ne comprenait rien à l’émotion de M. le duc de Luxembourg. J’avais alors douze à treize ans.

M. de Luxembourg s’écarta de quelques pas et se prit à considérer le jeune lieutenant. Un voile semblait s’effacer de son visage à mesure que l’examen avançait.

– Eh oui ! s’écria-t-il enfin, la voilà retrouvée cette vague ressemblance qui m’avait frappée à ta vue. Belle-Rose ? m’as-tu dit ; mais tu ne t’appelles pas Belle-Rose ! tu t’appelles Jacques, Jacques Grinedal !

Belle-Rose, effaré, regardait M. de Luxembourg.

– Eh ! parbleu ! tu es le fils de Guillaume Grinedal ! le fauconnier. N’ai-je pas vu la petite maison en dehors du faubourg ?