Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/193

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Une vigoureuse poignée de main termina ce laconique discours, et le nouveau colonel courut se faire reconnaître par son régiment. Comme Belle-Rose rentrait au quartier de sa compagnie, une personne qui en sortait le heurta.

– Cornélius !

– Belle-Rose ! s’écrièrent-ils en même temps, et les deux amis s’embrassèrent.

– C’est un jour heureux, reprit Belle-Rose. Il en est donc encore dans la vie !

– Il en est mille ! répliqua Cornélius, dont le visage rayonnait de bonheur. J’ai vu votre père, le digne Guillaume Grinedal ; il m’appelle son fils ; j’ai vu Pierre, qui veut à toute force être soldat, afin de devenir capitaine ; j’ai là une lettre de Claudine qui me prouve que je suis aimé autant que j’aime, et vous demandez si, dans la vie, il y a des jours heureux ! Mais elle en est pleine !

Belle-Rose sourit.

– Bah ! continua le jeune enthousiaste, si je rencontre jamais une autre Claudine, je vous la donne, et vous serez de mon avis.

– Nous chercherons, mais en attendant que nous l’ayons trouvée, vous devenez mon frère d’armes.

– Oui, certes ; je suis volontaire, et je prétends bien prendre Bruxelles avec vous.

– Pierre en sera-t-il ?

– Parbleu ! il me suit.

– Déjà !

– Demain il arrive au camp, et le soir même il compte monter sa première garde.

Tout en causant de leurs affaires et de leurs espérances, les deux jeunes gens étaient sortis des lignes. La journée était belle et tiède ; ils poussèrent dans la campagne. Comme ils entraient dans un chemin creux, un coup de fusil retentit à quelque distance, et la balle s’aplatit contre un caillou, à deux pas de Belle-Rose. Cornélius