Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/200

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de Castel-Rodrigo était assis devant une table chargée de cartes et de plans géographiques. Des aides de camp, bottés et éperonnés, dormaient dans les coins de la tente.

– Qu’est-ce encore ? s’écria le duc au bruit que firent les sentinelles en portant les armes.

– Je vous amène un étranger, un militaire, mon général, qui désire vous parler, répondit l’officier.

Le duc regarda M. de Villebrais.

– Vous êtes Français, monsieur, lui dit-il.

– Oui, général.

– D’où venez-vous ?

– De là-bas ! fit le lieutenant en tournant son pouce par-dessus son épaule du côté du camp français.

– Du camp français ! s’écria le duc.

– Oui, général.

– Et que voulez-vous ?

– Je viens vous offrir mon épée et mon bras.

– Ah ! fit le duc avec un geste où il y avait autant de surprise que de mépris. C’est-à-dire, reprit-il après un court silence, que vous venez en déserteur ?

– Je viens en homme qui veut se venger.

– Fort bien, monsieur. Ainsi, vous avez une insulte grave à punir ?

– Voyez ! s’écria M. de Villebrais en tirant le tronçon de son épée du fourreau ; j’ai brisé cette épée, mais je clouerai une autre lame à cette garde, et j’en frapperai ceux qui m’ont frappé.

– Ainsi l’on peut compter sur vous si l’on vous accueille ?

– On peut compter sur moi si l’on m’accorde ce que je demande.

– Que vous faut-il ?

– Quelques hommes déterminés et le droit de les mener partout où je voudrai, de jour et de nuit.

– Vous les aurez, et vous aurez le laissez-passer.

– Alors je suis à vous.