Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/204

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– Un ordre et un laissez-passer ! murmura-t-il entre ses dents. Excusez-moi, mon officier ; c’était l’amour de la discipline qui me faisait parler.

– Eh ! l’homme à la discipline, reprit M. de Villebrais, n’irez-vous point aussi pour l’amour des pistoles où vont ces braves ?

Le brigadier, qu’on appelait Burk, boucla son ceinturon, prit sa pique et suivit le lieutenant sans répondre. Il y avait dans la petite troupe que M. de Villebrais conduisit au logement qui lui fut assigné, un Lorrain, deux Wallons, un Franc-Comtois, un Piémontais, deux Suisses, deux Hollandais du pays de Gueldres, et un Bavarois, qui était le brigadier. M. de Villebrais rangea ses nouveaux acolytes autour de lui et les examina attentivement.

– Vous avez, leur dit-il un moment après, une demi-pistole de paye par jour et une pistole entière les jours d’expédition.

– Bravo ! dit le Piémontais.

– Le service de nuit se payera double.

– Bon ! fit le Franc-Comtois, je dormirai le jour.

– Au premier mot, il faut être prêt ; au premier signe, il faut partir ; au premier ordre, il faut tuer.

– Si c’est la consigne, c’est fait, dit le brigadier.

– Allez, maintenant ; toi, Conrad, reste.

La troupe disparut, et Conrad s’assit dans un coin, tandis que M. de Villebrais fouillait dans sa valise.

– Écoute, reprit le lieutenant, qui venait de tirer un papier de la valise, et retiens bien tout ce que je vais te dire.

– J’écoute et je retiendrai, dit le Lorrain.

– Tu partiras au point du jour pour le camp français. C’est ton affaire d’y pénétrer.

– J’y pénétrerai.

– Tu t’informeras du quartier de l’artillerie et tu t’y rendras sur-le-champ. Il te sera facile de découvrir le logement d’un lieutenant nommé Grinedal ; les soldats le connaissent sous le nom de Belle-Rose.