Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Geneviève, inclinée sur la main de Belle-Rose, la couvrait de ses larmes et de ses baisers. Belle-Rose la retira doucement.

– Vous pardonner ! dit-il ; je ne suis pas votre juge, et je ne puis pas vous haïr.

Geneviève tendit ses bras vers le ciel.

– Merci, mon Dieu ! dit-elle ; il ne m’a pas repoussée.

– Vous savez, reprit-elle après un instant de silence, dans quelles circonstances je vous ai rencontré. Vous aviez remis trois lettres de M. d’Assonville à la petite maison de la rue Cassette : l’une de ces lettres suppliait ; l’autre priait et menaçait tout ensemble ; la dernière ne contenait que des menaces.

– Et c’est à celle-là que vous vous êtes rendue ? dit Belle-Rose.

– Vous savez bien, Jacques, reprit la duchesse avec un accent de fierté, que la peur n’a pas d’empire sur moi. Je me rendis à cette lettre, parce qu’entre la première et la troisième, j’avais tout disposé pour mon entrevue avec M. d’Assonville, et qu’à cette entrevue notre enfant devait assister.

– Vous auriez fait cela, Geneviève ? s’écria Belle-Rose.

– J’allais le faire, quand j’appris que M. d’Assonville avait chargé une personne inconnue de le représenter. Cette découverte m’indigna ; je crus qu’il avait révélé notre secret, et je résolus d’avoir par la ruse, ou la force au besoin, les papiers qui pouvaient compromettre mon repos.

– Ainsi, vous avez soupçonné M. d’Assonville, un si loyal gentilhomme ?

– Hélas ! quand on s’habitue à pratiquer le mal, on oublie bien vite la croyance au bien. Mais, se hâta d’ajouter Geneviève, en vous faisant venir au pavillon, où je vous reçus masquée, mon projet était seulement de vous obliger à me remettre les papiers qui constataient les droits de M. d’Assonville ; sûre alors qu’il ne pourrait