Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/240

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Et l’honnête la Déroute se donnait au diable de n’être pas transpercé de part en part. En ce moment un pan de la toile se souleva et donna passage à M. de Luxembourg. Le duc s’approcha du lit où gisait le vieux fauconnier et lui tendit la main.

– Me reconnaissez-vous, Guillaume ? lui dit-il.

Guillaume le regarda un instant, et l’on vit un doux sourire briller dans ses yeux.

– Vous m’avez secouru dans des temps de malheur, reprit le duc, je m’en suis souvenu. Belle-Rose sera comme un fils pour moi. Je ne lui épargnerai pas les dangers, et si Dieu nous prête vie à tous deux, il arrivera plus loin qu’il n’a jamais rêvé.

Le fauconnier porta la main du gentilhomme à ses lèvres. En se retirant, le duc pressa fortement la main de Belle-Rose.

– Soyez ferme, lui dit-il, il vous reste un père.

L’aumônier du bataillon arriva dans la nuit et récita la prière des agonisants. Tout le monde se mit à genoux, et Guillaume, les mains jointes, remit son âme à celui qui aime et pardonne. Le surlendemain, vers midi, un soldat se présenta à la tente de Belle-Rose. C’était un page à la tournure leste, au regard vif, au sourire espiègle et déterminé. Malgré ses habits d’homme, il ne fallut qu’un regard à Belle-Rose pour reconnaître Camille, la suivante de Mme de Châteaufort.

– Ma maîtresse vous fait prévenir, dit la camériste, qu’elle vous attendra ce soir, s’il vous est possible de lui donner une heure.

– Je suis à ses ordres, répondit Belle-Rose.

– S’il en est ainsi, tenez-vous prêt ce soir au coucher du soleil.

– Je serai prêt. Où faut-il me rendre ?

– Entre Marchienne et Landely, à deux lieues d’ici à peu près. Mais ne vous mettez point en peine, c’est moi qui vous servirai de guide.

– À ce soir donc.