Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/260

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la Déroute sauta sur lui, le saisit par le cou et noua un mouchoir autour de sa bouche. Peppe n’eut pas même le temps de pousser un soupir, mais il eut assez de présence d’esprit pour glisser quatre ou cinq pièces d’or dans sa poche. Belle-Rose, qui avait tout vu, remonta rapidement chez M. Bergame.

– Voilà ! dit-il en posant la valise sur la table.

– Et Peppe ? demanda M. Bergame, dont les yeux s’étaient écarquillés au bruit argentin de la valise.

– Oh ! fit l’officier d’un air tranquille, il s’amuse à tenir mon cheval par la bride.

La fenêtre de l’appartement où se tenait M. Bergame s’ouvrait sur une partie écartée du jardin ; il n’avait rien pu voir et n’eut aucun soupçon.

– Ça, entendons-nous, dit-il en poussant son fauteuil vers la table : vous êtes venu pour me compter cent mille livres, c’est très bien, et je ne demande pas mieux que de les recevoir, mais encore faut-il que je sache d’où provient cette somme.

Belle-Rose comprit qu’il fallait jouer le tout pour le tout.

– C’est un échange, répondit-il hardiment.

– Ah ! fit le vieillard en attachant sur lui ses petits yeux perçants.

– Argent contre papiers.

– Ah ! ah !

– L’argent est ici et les papiers sont là, reprit Belle-Rose en désignant la place où était l’armoire.

– Très bien ; je prends les louis et vous donne les papiers ; est-ce cela ?

– Précisément.

– Mais, mon bon monsieur, vous me direz bien encore de quelle part vous venez ?

– Eh ! parbleu ! vous le savez bien.

– Sans doute ! cependant je ne serais pas fâché d’en avoir l’assurance.

– Eh ! monsieur, je suis envoyé par le ministre.