Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/267

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Cornélius sentit luire en son cœur un rayon d’espérance.

– Vous le sauverez ! s’écria-t-il.

– Oh ! reprit-elle, j’irais jusqu’au roi s’il le fallait avant de le laisser périr. Mais, tenez, je serais bien plus sûre de sa vie si quelque femme en crédit à la cour s’intéressait à son sort.

– Une femme ? dit Cornélius.

– Oui, reprit Geneviève ; si les femmes ne peuvent pas grand’chose sur l’esprit de M. de Louvois, elles peuvent tout sur l’esprit du roi. M. de Luxembourg est compromis, son crédit n’est pas encore assis… Il ne nous sera d’aucun secours… ni M. de Condé non plus… Une femme, à elle seule, ferait plus que tous deux ensemble.

– Mais vous, madame, vous ? s’écria Cornélius.

– Oh ! moi je suis disgraciée… mon mari n’est plus rien, et l’on ne sait même plus mon nom.

– Après vous, madame, répondit Cornélius, je ne connais que Mme d’Albergotti.

– Mme d’Albergotti ! répéta Geneviève en tressaillant de la tête aux pieds.

– Elle-même, qui a été l’amie de Belle-Rose et la protectrice de sa sœur.

Mme de Châteaufort avait incliné son front sur sa belle main. Après une minute de silence, elle reprit :

– Eh bien ! il faut que Mme d’Albergotti aille elle-même trouver le roi, il le faut.

Le nom de Mme d’Albergotti semblait déchirer les lèvres de Mme de Châteaufort ; elle était fort pâle et parlait avec une émotion extraordinaire.

– Mme d’Albergotti est à Compiègne, auprès de son mari, à qui son état de souffrance n’a pas permis de se rendre jusqu’à Paris, dit Cornélius ; c’est au moins ce que me mande une jeune personne attachée à madame la marquise.

– En allant à Paris pour voir M. de Louvois, je passerai par Compiègne et verrai d’abord Mme d’Albergotti.