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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/269

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– Madame, répondit Geneviève, un malheureux accident a frappé une personne pour laquelle vous professez des sentiments d’amitié : Belle-Rose a été arrêté.

Mme d’Albergotti pâlit à ces mots.

– Il a été arrêté par ordre de M. de Louvois et conduit à la Bastille, continua Mme de Châteaufort.

Mme d’Albergotti appuya la main sur son cœur et chancela. Le froid de la mort l’avait saisie. Mais Mme de Châteaufort était devant elle, Suzanne se roidit contre le mal.

– Je ne cherche pas à dissimuler la douleur que me cause cette nouvelle, vous la voyez assez, madame, dit-elle. M. Jacques Grinedal était des amis de ma famille et des miens ; mais quelque part que je prenne à son infortune, que puis-je faire pour lui ?

– Il est en prison, la mort le menace, et vous me demandez ce que vous pouvez faire pour lui ? s’écria la duchesse avec explosion.

Suzanne regarda Mme de Châteaufort et attendit.

– Mais vous pouvez le sauver ! reprit Geneviève.

– Moi, madame ? et comment le pourrai-je ? Parlez, et si l’honneur me le permet, je suis prête.

– Vous avez été présentée au roi… L’avez-vous été ? continua Mme de Châteaufort rapidement.

– Je l’ai été au camp de Charleroi, par M. d’Albergotti.

– Sa Majesté a pour le marquis une estime toute particulière, dit-on ?

– Sa Majesté a bien voulu lui en donner l’assurance en lui remettant le gouvernement d’une place considérable.

– Eh bien ! madame, la vie de Belle-Rose est dans les mains du roi, lui seul peut l’arracher des mains de M. de Louvois. Courez à Lille, et obtenez qu’il intervienne entre Belle-Rose et le ministre.

Suzanne sentait son cœur se briser. Elle voyait la grâce de Belle-Rose suspendue à sa décision et restait muette.