personnage inconnu à Belle-Rose, mais qui devait être tout-puissant si l’on en jugeait par la manière respectueuse avec laquelle le gouverneur lui parlait. Quand Belle-Rose fut introduit, ce personnage se tourna vers lui. Au portrait qu’on lui en avait fait quand il était à l’armée, Belle-Rose reconnut M. de Louvois. Le redoutable ministre attacha sur lui un regard perçant comme s’il eût voulu lire jusqu’au fond de son cœur. Belle-Rose attendit la tête haute et le regard ferme.
– Approchez, monsieur, lui dit le ministre.
Belle-Rose fit un pas en avant.
– C’est bien vous qui êtes allé ce matin chez M. Bergame ? reprit M. de Louvois.
– C’est moi.
– Vous lui avez enlevé des papiers qui m’étaient destinés ?
– J’ai payé des papiers qui étaient à vendre.
– Mais ces papiers, je les avais achetés.
– En pareille affaire, la chose appartient à celui qui se présente le premier.
– Eh ! monsieur, vous avez de l’audace, dit le ministre avec ironie ; mais je saurai bien tirer de vous ce que je veux.
– C’est selon ce que vous voudrez.
Il y eut un instant de silence durant lequel les deux interlocuteurs s’examinèrent. M. de Louvois le rompit le premier.
– Vous avez brûlé ces papiers, monsieur ?
– Oui, monseigneur.
– Tous ?
– Tous.
– Avez-vous pris connaissance de leur contenu ?
– Non, monseigneur.
– Mais vous vous doutiez donc de ce qu’ils pouvaient contenir, puisque vous vous êtes si fort empressé de les faire disparaître ?
– Je pouvais supposer du moins qu’ils avaient quelque