Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/320

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– C’est aussi mon opinion, monsieur.

– Eh bien ! madame, la volonté de M. de Louvois est, en quatre mots, que vous m’épousiez.

Mme d’Albergotti rougit comme une fraise et poussa un léger cri.

– Oui, madame, que vous m’épousiez ! répéta le comte en s’inclinant.

– Mais c’est une folie ! s’écria Suzanne tout étourdie.

– Pour vous, madame, je suis assez de cet avis ; mais permettez-moi de croire qu’il n’en est rien de mon côté.

– Est-ce bien sérieusement que M. de Louvois vous a parlé, monsieur ?

– Le plus sérieusement du monde.

– Il veut que je sois votre femme ?

– Ou que je sois votre mari, comme il vous plaira.

– Et c’est là la condition qu’il a mise à ma liberté ?

– La seule.

À chacune des réponses de M. de Pomereux, l’étonnement de Suzanne devenait plus grand. Il lui semblait impossible que M. de Louvois pût se jouer ainsi de ses sentiments, après l’aveu qu’elle lui en avait fait, et cependant le comte parlait d’un air qui la confondait.

– Pardonnez-moi, monsieur, si j’insiste, reprit-elle, mais veuillez m’apprendre si cette proposition vient de M. de Louvois lui-même.

– Sans aucun doute, madame, c’est une audace que je n’aurais jamais eue.

– Il paraît tout au moins que vous l’approuvez ?

– Je l’avoue humblement. Quand la porte du paradis vous est ouverte, on ne la referme pas.

– Ceci est un langage de cour, et vous oubliez que je suis presque en prison.

– Laissez-moi croire que vous n’y serez jamais.

– Je vois, monsieur, repartit Suzanne avec gravité, que votre cousin, M. de Louvois, ne vous a pas tout appris.