Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/321

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– Au contraire, madame, dit M. de Pomereux avec un sourire.

Suzanne le regarda avec des yeux tout effarés.

– Il vous a dit que j’étais fiancée à celui-là même dont j’ai protégé la fuite ? s’écria-t-elle.

– Oui, madame.

– Que je l’aimais ?

– Oui.

– Qu’il m’aimait ?

– Oui.

– Et vous avez consenti à m’épouser ?

– Oui.

– Oh ! vous mentez ! s’écria Suzanne en se levant, le visage pourpre d’indignation.

– Mais point du tout ; il me semble, à moi, que je vous dis les choses les plus naturelles du monde, répondit le comte avec un inaltérable sang-froid.

– Monsieur, reprit Mme d’Albergotti en se rasseyant, il faut que nous ne nous entendions pas. Je vous ai dit…

– Ne vous donnez pas la peine de recommencer ; je vais vous répéter ce que vous m’avez dit, interrompit M. de Pomereux. Vous avez un fiancé ; ce fiancé, qui est le fugitif après lequel courent les gens de M. de Louvois, vous aime, ce qui est tout simple, et vous l’aimez, ce qui fait que beaucoup d’autres voudraient courir comme lui. Vous allez me jurer que vous êtes déterminée à l’aimer toujours, et que de son côté il se gardera bien de vous oublier. Est-ce bien cela ?

– Parfaitement.

– Vous voyez donc que j’avais tout entendu !

– Et nonobstant ces aveux, vous persisteriez encore à vouloir de moi pour votre femme ?

– Sur ma parole, madame, c’est ma plus grande envie.

Un sourire amer passa sur les lèvres de Suzanne, qui recula son siège et ramena sa robe auprès d’elle avec un geste d’un écrasant mépris.