Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/342

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d’outre en outre… Dans six semaines ou deux mois il n’y paraîtra seulement plus.

– Le croyez-vous ?

– Je vous en donne ma parole. M. de Louvois a été informé de l’aventure par M. de Charny, un diable d’homme qui a des agents partout ; il en a reçu la nouvelle de Douvres, où les fugitifs sont débarqués. M. de Louvois a mis la dépêche en morceaux ; il commence à croire que le capitaine a quelque amulette qui le protège.

– C’est la justice de sa cause qui le défend, monsieur.

– Vous croyez ? Il y a des cas où j’aimerais mieux une bonne cuirasse. Quoi qu’il en soit, il vit, madame, et c’est une résurrection qui gâte diablement mes affaires et compromet un peu les vôtres.

– Non, monsieur, les vôtres n’y perdent rien, répondit Suzanne avec un malin sourire.

– Eh ! madame, j’ai vu tant de miracles opérés par le temps, que j’en suis venu à croire que c’est le meilleur saint qu’on puisse invoquer. Vous ne connaissez pas quel enchanteur c’est que demain !

– Vraiment, non ; mais je me connais, moi.

– Soit ; mes affaires n’y perdent rien, puisque vous le voulez.

– Elles y gagnent même quelque chose.

– En vérité ?

– Ma reconnaissance, reprit Suzanne en lui tendant sa petite main.

– C’est toujours quelque chose, fit le comte en souriant. La reconnaissance est quelquefois un chemin de traverse.

– Je vous la donne, je ne puis donc pas vous empêcher de la prendre comme vous voudrez.

– Vous riez à présent, madame, et vous ne voyez pas que cette résurrection ferme et verrouille sur vous les portes de ce maudit couvent, qui, sans cela, allaient peut-être s’ouvrir. M. de Louvois est furieux, madame.