Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/36

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longtemps lutter contre des chevaux. Le cavalier à qui sa garde avait été confiée se montrait le plus ardent à sa poursuite ; déjà il était en avance de quelques centaines de pas sur ses camarades, lorsque Jacques, comprenant l’inutilité de sa fuite, s’arrêta. Le cavalier arriva sur lui au galop, le sabre levé ; mais Jacques évita le coup en se jetant de côté, et saisissant le soldat par la jambe gauche, il le précipita à bas du cheval. Tandis que le soldat, meurtri de sa chute, se débattait à terre, Jacques sauta sur la selle et partit. Pendant quelques minutes, les camarades du vaincu bondirent sur ses traces ; deux ou trois balles égratignèrent le sol à ses côtés, mais bientôt la course des maraudeurs se ralentit ; l’escadron était loin derrière eux, et en avant s’étendait un pays inconnu où l’ennemi pouvait surgir à tout instant ; l’un d’eux retint son cheval et tourna bride ; le second l’imita, puis le troisième aussi, et Jacques n’entendit plus retentir à son oreille leur galop furieux. À son tour, il ramassa les rênes et mit sa monture au petit trot. Jacques n’avait pas marché un quart d’heure dans la direction de Saint-Pol, qu’il découvrit, en avant de Fleury, une troupe de cavaliers portant de l’infanterie en croupe. La première rencontre avait appris au fils du fauconnier assez des usages de la guerre pour le rendre circonspect. Un moment il eut la pensée de se jeter dans un petit bois, lorsqu’une nouvelle réflexion le décida à pousser droit en avant. Il était trop près de Saint-Pol, ville forte occupée par une grosse garnison, pour que l’ennemi eût osé s’aventurer jusque-là. Une vedette qui trottait à deux ou trois cents pas de la troupe, étonnée de voir un grand garçon n’ayant qu’un pantalon et la chemise courant sur un cheval tout équipé, arrêta Jacques.

– Conduisez-moi à votre capitaine, dit Jacques au plus apparent de la bande.

– C’est ce que j’allais justement vous proposer, mon camarade, répondit le brigadier.

Le capitaine était un beau jeune homme dont la bonne