Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/383

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À ces mots, la tourière s’inclina, et, faisant asseoir les deux étrangers, disparut par une petite porte qui donnait dans une galerie.

– Voilà qui est bien entendu, dit tout bas Claudine à Cornélius quand ils furent seuls, vous êtes mon frère, vous vous appelez sir Ralph Hasting, vous êtes baronnet, et moi miss Harriett Hasting, votre sœur ; je suis prise d’une grande dévotion qui me porte à vouloir entrer en religion. Que Dieu nous pardonne toute cette hypocrisie ! Si le monde n’était pas si méchant, y serions-nous forcés ?

Au bout d’un instant, la tourière revint et conduisit Cornélius et Claudine dans le parloir. On les avertit que la supérieure était derrière la grille tendue de serge, et la tourière les quitta.

– On m’a fait connaître le but de votre visite dans cette sainte maison, dit la mère Évangélique ; nous ne refusons jamais d’ouvrir nos bras aux cœurs qui veulent se consacrer à Dieu.

– Je vous en remercie, ma mère, répondit Claudine d’une voix douce qui semblait sortir d’une bouche anglaise.

– Vous serez ici à l’abri des pièges du monde et des embûches du mauvais esprit. La paix règne dans la maison ; quand on a goûté de cette paix, on regrette de ne l’avoir pas connue plus tôt.

– Ma sœur a la vocation, reprit Cornélius ; je ne vous cacherai pas, madame, que sa famille et moi nous nous y sommes opposés longtemps.

– C’est aller contre les voies du Seigneur, mon fils.

– C’est ce que j’ai compris plus tard, et aujourd’hui je ne la détourne plus de son projet. J’ai fait le compte de la part qui revient à miss Harriett sur l’héritage de sa mère, et ce sera sa dot, si elle se voue au culte de l’époux qui ne trompe jamais ; ce sont, tout compte fait, sept ou huit mille livres sterling.