Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/420

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– Qu’y a-t-il donc encore ?

– On doit, cette nuit, conduire Suzanne je ne sais où ; à la Bastille peut-être.

– Cette nuit ?

– La mère Évangélique le lui a dit tout à l’heure. M. de Louvois a été instruit des aventures de cette nuit, et bien qu’elles aient échoué, il ne veut pas qu’elles se renouvellent.

– Croquez des cerises, mamzelle, croquez donc ! voilà le père Jérôme qui nous regarde.

Claudine avala une ou deux cerises, et reprit :

– Il m’est impossible à présent d’avertir Cornélius ou Belle-Rose. Que faire, mon Dieu ?

– Je les avertirai, moi, dit la Déroute, dont l’excellente physionomie prit une expression farouche. Aussi bien, puisqu’il le faut, autant vaut ce soir que demain. Allez maintenant, mamzelle, et en cas d’alerte, tenez-vous prête.

Claudine partit le cœur plus léger. La Déroute descendit de l’arbre, courut au logis et revint avec un grand mouchoir rouge, qu’il attacha à la plus haute branche du cerisier.

– Que fais-tu là ? demanda le père Jérôme.

– Ma foi, dit-il, les moineaux ont mangé la moitié des cerises, c’est pour sauver le reste.

– Tiens ! tu as une bonne idée, mon neveu.

– Oui, j’en ai quelquefois comme ça.

Belle-Rose et Cornélius avaient quitté de bonne heure l’hôtel de Pomereux et s’étaient travestis de telle sorte que Bouletord lui-même ne les eût pas reconnus, les eût-il regardés en face. Belle-Rose monta jusqu’au grenier après avoir observé les abords de la place. Cornélius était allé à l’auberge du Roi David attendre Grippard. Aussitôt que Belle-Rose eut vu le mouchoir rouge flotter au plus haut du cerisier, il tressaillit et descendit l’escalier quatre à quatre. En trois sauts il gagna la rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel.