Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/433

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– Par l’enfer ! disait-il, cette fois il faut que j’aie sa vie ou qu’il ait la mienne !

– Ma foi ! s’écria M. de Pomereux, si j’étais seul je jouerais la route à croix ou pile, mais nous sommes une vingtaine ; que Bouletord et ses gens prennent d’un côté, M. de Charny et moi tirerons de l’autre.

– Maugrebleu ! si je le manquais on le tuerait donc pour moi ! s’écria le capitaine Bréguiboul.

– Parfaitement, répondit M. de Charny.

On allait partir, quand un mendiant se leva du pied d’une haie derrière laquelle il était couché. C’était un homme de méchante mine, armé d’un lourd bâton et vêtu d’un mauvais manteau troué.

– Vous cherchez quatre cavaliers ? dit-il.

– Les as-tu vus ? s’écria Bouletord.

– J’ai vu quatre hommes qui passaient comme le vent ; deux d’entre eux avaient une femme assise en croupe.

– Ce sont eux ! dit M. de Charny.

– Eh bien ! quelle route ont-ils suivie ? demanda le capitaine Bréguiboul.

Le mendiant tendit la main.

– Donnez, et je parlerai, dit-il.

M. de Pomereux lui jeta sa bourse.

– Voilà de l’or, mais si tu mens tu auras du plomb.

Le mendiant pesa la bourse et regarda le pistolet dont la bouche le menaçait.

– Pourquoi voulez-vous que je mente ? dit-il en haussant les épaules ; en confessant la vérité, j’évite le péché et j’ai tout profit.

– Dépêche ! lui cria M. de Charny.

– Prenez à gauche, répondit le mendiant en tournant son bâton du côté de Pontoise.

Les vingt cavaliers partirent à la fois comme un tourbillon. À Franconville, M. de Pomereux et ses laquais, mieux montés que Bouletord, laissèrent les gens de la