Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/434

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maréchaussée en arrière. Le jeune comte et sa suite avaient des chevaux de race anglaise habitués aux chasses. Leur galop était égal et soutenu. M. de Pomereux et M. de Charny couraient en avant, les laquais suivaient à vingt pas, puis venaient les archers. Le capitaine Bréguiboul galopait entre M. de Pomereux et Bouletord. Son cheval commençait à souffler. Au bout d’une demi-heure, la distance qui les séparait s’agrandit, et les deux troupes se perdirent de vue. Les éperons de Bouletord étaient rouges de sang. Cependant Belle-Rose et Cornélius maintenaient leurs montures à une allure rapide sans être pressée.

– Il faut les ménager, disait la Déroute ; quand nous aurons dépassé Pontoise, nous prendrons un chemin de traverse et nous reviendrons tranquillement sur nos pas pour dépister la maréchaussée.

Comme leur petite troupe atteignait Pierrelaye, Grippard et la Déroute entendirent un hennissement au loin derrière eux. La jument que montait Belle-Rose tendit ses naseaux au vent et répondit par un hennissement sonore. La Déroute sauta sur sa selle.

– On nous suit ! dit-il tout bas.

– Je le crois, répondit Grippard.

La Déroute atteignit Belle-Rose en deux bonds. Mais avant qu’il eût ouvert la bouche, il comprit à l’élan de la cavale qu’elle venait de sentir l’éperon. Au hennissement de son cheval, M. de Pomereux dressa l’oreille.

– Il y a des cavaliers devant nous, dit-il, et penché sur l’encolure de l’étalon, il précipita sa course ardente.

Belle-Rose et Cornélius échangèrent un regard, et chacun d’eux entoura sa compagne d’un bras plus ferme. Leurs chevaux avaient déjà franchi huit lieues au galop ; ils coururent assez bien jusqu’à Saint-Ouen-l’Aumône, mais dans la traverse du village, Belle-Rose sentit sa jument trébucher sous lui ; au même instant, le cheval de Cornélius butta et s’abattit sur les genoux ; deux coups