Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/437

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– Voilà les laquais ! s’écria la Déroute.

– Les laquais sont au maître et le maître est vaincu, répondit le comte, qui regarda tranquillement du côté d’où venait son escorte.

En achevant ces mots, il prit son épée à deux mains, et brisant la lame, il en jeta les morceaux par terre.

– Que faites-vous ? s’écria Belle-Rose.

– Vous m’avez vaincu et désarmé, voilà tout, répondit le comte.

Suzanne lui tendit la main ; M. de Pomereux la baisa avec autant de grâce que s’il eût été au bal, et se jeta au-devant de ses laquais.

– Bas les mousquets, vous autres ! s’écria-t-il.

Les laquais, stupéfaits, obéirent et s’arrêtèrent. M. de Pomereux fit quelques pas du côté de Belle-Rose et de Cornélius.

– Partez, leur dit-il ; là-bas, sur la gauche, du côté de Livilliers, il y a une abbaye où sans doute on vous recevra. Mais surtout ne tardez pas une minute. Écoutez !

Tous tendirent l’oreille. Le galop d’une troupe de cavaliers retentissait à un quart de lieue à peine.

– M. de Charny n’est pas loin, et Bouletord le suit avec sept ou huit archers, continua M. de Pomereux. Il y a aussi un gentilhomme à qui vous avez presque cassé la tête. Hâtez-vous donc !

– Vous êtes un noble jeune homme ! s’écria Cornélius en lui secouant rudement la main.

– Que diable voulez-vous, il faut bien qu’on paye ses dettes ! lui répondit gaiement M. de Pomereux.

La Déroute n’y tint plus.

– Monsieur, dit-il à son tour, c’est moi qui vous ai tiré tout à l’heure ce coup de pistolet !…

– Ah ! c’est toi qui as massacré mon chapeau !

– Je visais à la tête, monsieur, mais si par malheur je vous avais tué, je crois vraiment que je ne m’en serais jamais consolé.