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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/445

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Tout ce tumulte à une heure aussi avancée de la nuit avait tiré l’abbaye de son repos. Les chevaux hennissaient et piaffaient autour des murs ; on avait entendu sept ou huit coups de feu et la cloche avait sonné presque aussitôt après.

– Au nom du roi, ouvrez, criait M. de Charny, qui meurtrissait les ais de la porte.

L’abbesse survint. La croix d’argent brillait sur sa poitrine et ses longs vêtements descendaient jusqu’à terre. On avait introduit les fugitifs dans une espèce de parloir où ils attendaient, poursuivis par la voix menaçante de M. de Charny. Quand la porte du parloir s’ouvrit, l’abbesse tressaillit et serra le voile autour de son visage.

– Soyez les bienvenues, mes sœurs ; et vous, messieurs, espérez, dit-elle.

Sa voix grave et douce calma leurs angoisses ; il parut à Claudine qu’ils n’avaient plus rien à craindre ; elle s’inclina sur la main de l’abbesse et la baisa. Belle-Rose sentit son cœur battre sans qu’il pût comprendre pourquoi.

– Dites à cet homme qui frappe à notre porte, reprit l’abbesse en s’adressant à une sœur, que la supérieure de l’abbaye de Sainte-Claire d’Ennery va sur l’heure lui répondre elle-même.

L’abbesse se retira et la sœur sortit pour exécuter son ordre. Aux paroles de la sœur, M. de Charny jeta un regard de triomphe sur M. de Pomereux et remit son épée au fourreau. M. de Pomereux fronça les sourcils et se demanda s’il ne ferait pas bien de tomber sur la maréchaussée avec ses gens ; mais il comprit qu’il serait toujours temps d’en venir à cette extrémité en cas d’alerte et attendit.

– Mais, s’écria tout à coup M. de Charny, je ne vois plus le capitaine Bréguiboul ; qu’est-il donc devenu ?

– Ma foi, répondit le comte, je me suis battu avec lui, et je crois que je l’ai tué.