Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/500

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médiocrement que vous le conduisiez après à la Bastille.

– Fort bien, monsieur le comte ; mais si, par hasard, je refusais de me battre ?

– Oh ! alors, ce serait plus simple encore ! je vous considérerais tout bonnement comme un aventurier qui, après avoir aposté dans la rue, pour je ne sais quel mauvais coup, un tas de bandits, s’est introduit, sous un misérable prétexte, dans mon domicile, afin de s’y livrer à un abominable espionnage ; en conséquence, je vous ferais saisir par l’un de mes gens, et vous seriez bien vite garrotté. Tenez, voilà justement notre ami la Déroute qui nous prêterait volontiers ses deux bras pour cet office ; n’est-ce pas, l’ami ?

– Tout de suite, dit le sergent.

M. de Charny comprit, à l’air du comte, qu’il ne plaisantait pas. Il prit donc son parti sur-le-champ, en homme qui a du courage et qui sait jouer sa vie quand il le faut. Il tira son épée lentement et se mit en garde.

– Je suis prêt, dit-il.

– Allez donc, messieurs, dit le comte.

Les deux épées se croisèrent aussitôt. M. de Pomereux, qui avait vu Belle-Rose à l’épreuve, n’avait aucune crainte sur le résultat de ce duel ; mais à la manière dont M. de Charny se battait, il comprit que l’adversaire était digne du capitaine, et il eut un instant quelque regret d’avoir engagé le combat. Aux premiers chocs, Belle-Rose devina la force de M. de Charny ; il mesura ses coups, feignit de rompre, et au moment où son antagoniste fondait sur lui, il revint à la parade avec une telle violence que le fer vola des mains de M. de Charny. M. de Pomereux fut complètement rassuré. La Déroute ramassa l’épée et la rendit à M. de Charny, qui retomba en garde sur-le-champ, et le duel recommença. Cette fois, Belle-Rose, maître du jeu de son adversaire, attaqua à son tour ; au moment où M. de