Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/501

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Charny essayait une riposte, il lia son épée et la fit sauter au plafond. M. de Charny devint blanc comme un cadavre. Il bondit sur son arme, l’assura dans sa main, et revint à la charge avec une incroyable fureur. Belle-Rose para tous ses coups, deux ou trois à peine déchirèrent sa casaque sans toucher ; le capitaine excitait la riposte et semblait attendre une occasion qui ne venait pas ; enfin, M. de Charny ayant tendu l’épée dans une feinte, Belle-Rose s’en empara si résolument qu’elle tomba à dix pas d’eux. À ce troisième désarmement, M. de Charny frémit de la tête aux pieds.

– Mais frappez donc ! s’écria-t-il, ivre de colère.

– On ne tue pas un espion, répondit Belle-Rose.

Et prenant l’épée de M. de Charny, il la brisa sur son genou. Les yeux de M. de Charny s’injectèrent de sang, et il tomba sur un fauteuil.

– Ma foi, monsieur, vous êtes vaincu, lui dit M. de Pomereux. Permettez-moi d’agir comme si vous étiez mort.

Le comte agita une sonnette et un laquais se présenta.

– Labranche, lui dit-il, cours à l’écurie, et dis aux palefreniers d’apprêter la voiture et d’atteler les chevaux : nous partons pour Chantilly.

Ce dernier mot réveilla M. de Charny comme d’un songe.

– Vous partez pour Chantilly ? s’écria-t-il en se dressant.

– Ma foi, oui, si vous le trouvez bon.

– Seul, alors, j’imagine ?

– Vous oubliez, mon cher monsieur de Charny, que vous êtes mort et que vous n’êtes point en état de m’adresser des questions ; cependant je veux bien vous traiter en vivant et vous répondre, sans que cela tire à conséquence. Vous êtes curieux de savoir si je me rends seul à Chantilly ?

– Oui, reprit le favori du ministre en frappant du pied.