Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/516

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des bouts de corde dont le sergent avait les poches pleines.

– Et d’un ! fit la Déroute, après que le laquais, pieds et poings liés, fut étendu sur l’herbe.

On entendit un coup de sifflet.

– Et de deux ! s’écria-t-il.

Il courut du côté d’où venait le coup de sifflet, et trouva Belle-Rose et Cornélius qui achevaient de se rendre maîtres du second laquais.

– Il a été doux comme un agneau, dit le capitaine ; c’est étonnant comme la vue d’un fer luisant et pointu rend ces messieurs-là accommodants.

On enleva les deux prisonniers, et quand on les eut transportés en lieu sûr, on les déshabilla.

– Laissez-nous ça, dit le sergent à Belle-Rose, qui déjà mettait la main sur la défroque ; il y en a deux encore, et nous allons nous charger de ces deux-là, n’est-ce pas, Grippard ?

– Parbleu ! dit le caporal, qui s’habillait déjà.

De larges gouttes de pluie commençaient à tomber, et le jour baissait quand la petite troupe quitta le réduit où l’on avait enfermé les deux laquais sous clef.

– Il fait un temps à souhait, dit la Déroute, qui s’achemina, en compagnie de Grippard, vers les écuries.

Des deux laquais qui restaient, l’un, fatigué par la chaleur de cette soirée étouffante, s’était endormi sous un hangar ; l’autre ravaudait autour des écuries. Celui-ci vit venir de loin la Déroute et Grippard ; et à leur costume, il les prit pour ses deux camarades.

– Hé ! arrivez donc, vous autres, cria-t-il, voici l’ombre qui vient ; il faut apprêter la voiture et les chevaux.

La Déroute suivit le laquais, qui entra sous la remise ; Grippard ne le quittait pas. À un signe du sergent, il se jeta sur le laquais et le coucha par terre, faisant luire à deux pouces de son visage la lame d’un poignard. Le laquais se résigna tout de suite ; on le dépouilla de