Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/540

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Ses yeux s’éteignirent ; il murmura le nom de Gabrielle et mourut. En ce moment, mille cris s’élevèrent de tous côtés, les tambours battaient aux champs, les cavaliers agitaient leurs chapeaux au bout des épées et les clairons sonnaient. Louis XIV passait le Rhin.


Le Rhin était franchi. Quand vint la nuit, l’armée française campa sur la rive droite ; devant elle s’étendaient les grandes prairies de la Hollande. La victoire avait couronné ses premiers efforts. Les soldats, animés par l’ardeur du combat, se groupaient autour des feux du bivouac et se racontaient les uns aux autres les incidents de cette journée. Autour de l’habitation de Louis XIV se pressaient une foule d’officiers. Tout le monde avait payé de sa personne, et dans l’enivrement qu’excitait ce passage, le glorieux monarque voyait déjà le présage de son entrée à Amsterdam. Il ne savait pas encore qu’entre lui et la vieille capitale de la Hollande il trouverait Guillaume d’Orange. Les généraux venaient présenter leurs compliments au roi et prendre ses ordres. Les salles étaient toutes pleines de brillants uniformes ; les meilleurs gentilshommes de France étaient là ; quelques-uns manquaient à la réunion, ceux-ci étaient morts. Tout le monde avait traversé le Rhin, personne encore ne savait comment on l’avait passé. Un homme s’était jeté dans le fleuve, une compagnie l’avait suivi, puis un régiment, puis l’armée, et l’on était arrivé, l’épée au poing, sur les retranchements hollandais.

– Savez-vous, messieurs, le nom du gentilhomme qui