Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/547

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Le ministre relut cinq ou six fois les lignes tracées par la main du roi.

– Monsieur de Charny, reprit-il en se tournant d’un air impératif vers le pâle gentilhomme, le hasard ne peut rien contre celui-là.

– Rien aujourd’hui, répondit froidement le favori. Il est chez vous.

M. de Louvois agita une sonnette et donna ordre de ramener Belle-Rose.

– Sa Majesté vous veut du bien, monsieur, pour votre belle conduite en Hollande, et notamment au passage du Rhin, lui dit le ministre. Vous êtes colonel ; il doit vous tarder beaucoup sans doute d’apporter cette heureuse nouvelle à Sainte-Claire d’Ennery, mais avant de vous rendre votre liberté, permettez-moi de réclamer de votre obligeance un nouveau service.

– Parlez, monseigneur.

– Vous avez assisté à cette dernière victoire de Sa Majesté, vous y avez eu même une grande part ; plus que tout autre vous êtes en état de rédiger la relation que je me propose d’envoyer aux gouverneurs des provinces. Il faut qu’elle parte bientôt ; mettez-vous là et commencez.

Belle-Rose n’avait aucun motif pour refuser ; il prit la place que lui indiquait M. de Louvois et se mit en devoir d’écrire.

– Cependant, reprit le ministre, si vous aviez quelque lettre à faire tenir à votre femme, écrivez-la, on la lui portera sur-le-champ.

Belle-Rose accepta la proposition. Tandis qu’il traçait quelques mots à la hâte, les yeux de M. de Charny suivaient les rapides mouvements de sa main avec une expression diabolique. Quand la lettre fut cachetée, un sourire étrange effleura sa bouche. M. de Louvois prit la lettre et M. de Charny sortit. Un moment après, un laquais se présenta avec le pli de Belle-Rose. M. de Charny,