Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/110

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Machinalement il le ramassa et le tordit entre ses doigts.

— Regardez, reprit l’enfant, ne dirait-on pas qu’il y a là, tout au bas, trois mots. Il semble que ce soit le nom d’un homme. On lit aisément le premier : n’est-ce pas Armand ?… Puis le reste disparaît…

Magnus sauta sur ses pieds. Ses yeux dévorèrent le papier, et il reconnut l’écriture de son maître.

— Armand… Armand-Louis de la Guerche ! c’est cela ! dit-il en pleurant.

Il embrassa le petit garçon, qui le regardait tout effaré.

Lorsque Rudiger et Carquefou entrèrent, ils trouvèrent Magnus à genoux, la tête nue, les mains jointes, le visage rayonnant.

— Ô mon Dieu ! Vous êtes bon ! Mon Dieu ! je crois en Vous ! disait-il.

— Qu’est-ce ? dit Rudiger.

Magnus sauta au cou de Carquefou.

— Ah ! cette fois, je le tiens ! reprit-il.

— Qui ?

— Eh ! parbleu ! Mathéus !

— Tu l’as vu ?

— Non ! mais regarde. Va ! je te dis que je le tiens.

Carquefou craignit que le pauvre Magnus n’eût perdu la raison ; tout à coup, le vieux reître, étalant devant lui un bout de papier tout sale et chiffonné :

— Ah ! le petit n’a pas pu lire ! mais moi j’ai d’autres yeux. Lettre par lettre, j’ai tout épelé, tout rétabli. Je savais bien que je le retrouverais !

Carquefou distinguait vaguement le nom d’Armand-Louis ; l’espoir, un espoir indéfinissable, commençait à le pénétrer.

Magnus venait de se retourner vers leur compagnon, qui ne comprenait rien à cette scène.