Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/111

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— Connaissez-vous dans le pays le château de Rabennest ? dit-il.

— Certes ! un grand diable de château au fond d’un bois.

— Et sur une montagne ?

— Avec trois grosses tours.

— Qu’on appelle la tour du Serpent, la tour du Corbeau et la Grande-Tour ?

— Justement !

Magnus l’embrassa brusquement.

— À présent, camarade, s’il y a vraiment un cœur dans ta poitrine, tu vas nous être d’un grand secours, s’écria-t-il. Je connais le château. Dans quelle forteresse et dans quelle citadelle d’Allemagne n’ai-je pas mis les pieds ! Celui-ci n’est pas le moins formidable. Je l’ai visité du temps que j’étais jeune ; il est tout plein de repaires et de cachots ensevelis dans les entrailles de la pierre ; les murs sont épais et hauts, les fossés profonds ; mais M. de la Guerche et M. de Chaufontaine y sont, et nous sommes trois ; donc nous les sauverons !

Carquefou courut à la maîtresse de la maison, la prit par la taille, l’embrassa sur les deux joues et se mit à danser autour de la salle, en chantant à tue-tête :

À la branche d’un chêne On pendra le coquin ; Si ça lui fait d’la peine Ça nous fera du bien !

C’était un couplet qu’il venait d’improviser en l’honneur de Mathéus, et qu’il chantait dans un élan de gaieté.

Le soir même, Magnus, Carquefou et Rudiger couchaient dans une chaumière située aux environs de la montagne sur laquelle on voyait le château de Rabennest.

Le cœur de Magnus se serra à la vue de ces noires murailles,