Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/173

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Mathéus quand il prit le gouvernement du château.

— Les imbéciles ! murmura-t-il, ils m’avaient entre leurs mains, ils pouvaient m’étrangler et ils m’ont laissé vivre !

Puis, tout à coup, frappant du pied avec violence :

— Mais cette bêtise, ne l’ai-je pas commise aussi ! reprit-il. Ah ! cette fois du moins l’expérience me servira.

Dès les premiers jours de son installation au château de Drachenfeld, Mathéus Orlscopp prit à part Mme d’Igomer.

— Mon devoir est de vous parler avec franchise, dit-il ; permettez-moi, madame la baronne, d’aller au fond des choses. Certes, vous n’aimez pas celle que vous appelez Mme la comtesse de Mummelsberg ?

— Oh ! non, murmura Thécla.

— Mais, il est une autre personne pour laquelle vos sentiments ont encore plus de vivacité. J’ai nommé M. Renaud de Chaufontaine. Est-ce vrai ?

— C’est vrai.

— Pourquoi alors vous obstinez-vous à tenir Mlle de Pardaillan secrètement enfermée ici comme la lumière sous le boisseau ? Que ne publiez-vous, au contraire, et à son de trompe, s’il le faut, qu’elle est à Drachenfeld, et qu’elle est votre prisonnière ?

— Il accourra !

— Eh ! n’est-ce pas là précisément ce qu’il nous faut désirer ? Qu’il vienne seulement, il ne viendra pas seul… et, du même coup, Mme la baronne d’Igomer, Jean de Werth et Mathéus Orlscopp, leur indigne serviteur, seront vengés. Il suffira, pour opérer ce miracle, que M. de la Guerche et M. de Chaufontaine se montrent à une portée de fusil de ce château.

Le regard que Mathéus jeta à Mme d’Igomer la fit frissonner.