Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/190

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— Il serait si facile cependant de dormir ! dit-il.

Il se leva en soupirant et suivit de loin son maître, qui n’avait garde de retourner la tête.

Il le vit sortir de la ville, s’enfoncer dans un chemin creux, gagner un petit bois au milieu duquel s’ouvrait une avenue, et disparaître subitement sous la porte d’un pavillon qui donnait sous une voûte épaisse de feuillage.

Carquefou fit le tour du pavillon en rasant la futaie ; aucun filet de lumière n’en sortait : portes et fenêtres, tout était fermé hermétiquement.

— Hum ! fit Carquefou, on dirait la maison d’une fée ou le repaire d’un ogre !

Il s’adossa contre un arbre en face de la porte par laquelle son maître venait d’entrer dans le pavillon, et attendit.

— Au moindre bruit, tant pis ! reprit-il à voix basse, je monte à l’assaut.

Renaud cependant gravissait un escalier sombre ; le page le tenait par la main, et il sentait sous son pied un tapis qui étouffait le bruit de ses pas. Le cœur lui battait à l’empêcher de respirer.

« Diane ! je vais revoir Diane ! pensait-il. »

Une portière s’ouvrit, et, dans un boudoir éclairé par une lumière timide, il aperçut Mme d’Igomer. Renaud recula.

— Une femme vous fait donc peur, monsieur le marquis ? dit-elle.

— Je croyais qu’il s’agissait de Mlle de Pardaillan… C’est une trahison ! s’écria Renaud.

— On ne vous a pas trompé, c’est bien de Mlle de Pardaillan qu’il s’agit ; mais je ne sache pas qu’on vous ai dit que vous la verriez ?

Tout en parlant, Mme d’Igomer tremblait ; jamais Renaud