Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/208

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— Je les mènerai tous au fond de l’Allemagne, en plein cœur des provinces autrichiennes, chez l’ennemi !

Un frisson de joie parcourut le cercle des dragons.

— Voilà qui prend tournure, ajouta M. d’Aigrefeuille ; on peut donc espérer qu’il y aura force dangers à courir ?

— Mon ami, M. de la Guerche m’a fait confidence de son projet, dit Renaud ; il est tel, que la moitié de ceux qui feront partie de l’expédition a quelque chance de n’en pas revenir.

— Eh ! eh ! il y aura donc une averse de coups d’épée à donner et à recevoir ? s’écria un jeune cornette.

— Et une tempête de coups de pistolet aussi, ajouta Renaud.

— Monsieur de Chaufontaine, vous parlez comme un bon livre ! poursuivit M. de Bérail ; si le sort ne me fait pas tomber en route, nous causerons de ce petit voyage au retour, en face d’un pâté de venaison. Inscrivez-moi en tête de la liste.

— Et moi donc ! pensez-vous que je veuille rester ici ? s’écria M. d’Aigrefeuille. Mais si je ne cours pas le risque d’être tué vingt fois, je vous tiendrai pour un homme de mauvaise foi, et nous nous couperons la gorge, prenez-y garde !

— Tenez-vous tranquille, répliqua Renaud, qui venait de tirer de sa poche un calepin sur lequel il écrivait les noms de M. de Bérail et de M. d’Aigrefeuille ; le moins qui puisse vous arriver, c’est de perdre une jambe ou un bras.

— Mais j’en suis aussi ! cria le cornette.

— Et pensez-vous que je veuille manquer cette partie de plaisir ? reprit un gentilhomme qui brûlait de faire ses premières armes.

— Inscrivez M. de Saint-Paer.

— Et M. d’Arrandes !