Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Et M. de Volras !

— Et M. de Collonges !

La plume de Renaud ne pouvait plus suivre ; les cris se croisaient en feu de file et se multipliaient.

— Eh ! là ! là ! cria M. de Chaufontaine, j’ai la main lasse ! Il nous faut cent hommes de bonne volonté : que ceux qui ont la fantaisie de nous suivre, M. de la Guerche et moi, aient l’obligeance de passer à ma droite ; nous compterons.

Tous les dragons se précipitèrent du même élan à la droite de Renaud et s’y rangèrent en foule ; il n’en resta pas un seul sur la gauche.

— Bon ! dit Renaud en fermant son calepin, ne comptons pas !

— Moi, je maintiens mon rang par droit d’ancienneté, dit M. de Bérail en riant ; que les autres tirent au sort.

— Tirons au sort, répondit tristement M. d’Aigrefeuille.

Un cornette mit un chapeau sur un quartier de pierre, et chacun s’apprêta à y jeter son nom écrit sur un bout de papier.

Il était à moitié plein, lorsque M. de Collonges, qui était fort jeune, renversa le chapeau d’un coup de poing.

— Nous sommes trop bêtes ! s’écria-t-il : pourquoi choisir ? Partons ensemble, nous ferons la route plus gaiement et si l’on nous tue tous, il n’y aura pas de jaloux.

— Eh ! dit Renaud, la vérité sort quelquefois de la bouche des enfants !… Qu’en penses-tu, capitaine ?

— Je pense, répondit Armand-Louis, que l’escadron tout entier peut passer où la compagnie se serait ouvert un chemin.

— Bien mieux même ! plus nombreux nous serons, moins on nous remarquera, poursuivit Renaud.

— Voilà une énigme que je ne me charge pas d’expliquer,