Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/319

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chaque cheval, qu’on croyait à bout d’efforts, partit au galop.

Le ruisseau fut franchi, la prairie traversée, et M. de la Guerche tomba dans les bras de M. de Brahé, étonné de le voir.

Adrienne et Diane, à genoux sur la terre, en face du régiment ému, levaient leurs mains vers le ciel et rendaient grâces à Dieu.

Les Suédois agitaient leurs drapeaux et leurs armes ; les dragons avaient mis leurs chapeaux au bout des épées ; de longues clameurs retentissaient dans le ciel.

— Voilà notre Iliade terminée ! dit Renaud, qui baisait avec transport les mains de Diane. Maintenant que c’est fini, je puis l’avouer, j’ai eu bien peur.

— Nous sommes partis trois cents, et nous ne sommes pas cinquante, ajouta M. de Saint-Paer.

Quand les dragons se retournèrent, Jean de Werth avait fait volte-face et longeait au pas le pied de la montagne. Il portait l’épée au fourreau.

Armand-Louis le suivit quelque temps des yeux.

— Battez-vous la campagne en partisans ou faites-vous l’avant-garde d’un corps d’armée ? demanda-t-il alors à M. de Brahé.

— L’armée du roi est tout entière ici près, partie sur la gauche, partie en arrière, répondit Arnold. Celle du duc de Friedland occupe une position formidable sur la droite. Gustave-Adolphe va à sa rencontre ; une bataille est imminente, bataille qui mettra en présence la Suède et l’Autriche, et qui décidera des destinées de l’Allemagne.

— Ah ! s’écria Renaud, nous arrivons à temps !

— Un peu trop tôt, peut-être ! murmura Carquefou timidement.

Renaud le regarda de travers.