Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/327

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où Magnus et Carquefou s’engageaient sur le pont, un coup de sifflet retentit.

Tous deux s’arrêtèrent à mi-chemin des deux rives ; Jean de Werth et son aide de camp retinrent machinalement les rênes de leurs chevaux. Armand-Louis et Renaud furent sur eux en un instant.

— Qu’est-ce donc ? demanda le Bavarois.

— Il y a que je m’appelle Armand-Louis de la Guerche, et que voilà mon ami, M. le marquis Renaud de Chaufontaine, qui veut bien me servir de témoin, dit Armand-Louis en se découvrant.

Jean de Werth regarda autour de lui.

— Ne cherchez pas, c’est inutile ! dit Renaud ; Magnus et Carquefou, que je vous présente, font bonne garde… Il n’y a personne aux environs, nous sommes quatre, et vous êtes deux : le plus simple est de dégainer.

— Maintenant, si ce duel n’est pas de votre goût, reprit M. de la Guerche, ou s’il vous répugne d’en courir la chance, vous pouvez l’éviter en me remettant cette dragonne que je vois là.

Jean de Werth sourit, et d’un air de hauteur :

— Je croyais avoir affaire à un homme de guerre, dit-il, et non à un amoureux de comédie… Deux armées sont en présence qui vont jouer au jeu des batailles les destinées de deux couronnes ; vous avez votre place marquée d’un côté comme j’ai la mienne de l’autre… Laissez se vider la querelle d’un empereur et d’un roi ; après quoi, foi de gentilhomme, nous nous rencontrerons où votre bon plaisir le voudra.

Armand-Louis secoua la tête.

— Je vous tiens, je vous garde, dit-il ; si l’un de nous doit tomber, il n’y aura jamais qu’un soldat de moins, et les deux armées peuvent se rencontrer.