Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/328

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La plaine était déserte, personne ne passait sur les deux rives du fleuve. Le regard de Jean de Werth faisait le tour de l’horizon et s’arrêtait sur le clocher du bourg où l’appelait la mission militaire que lui avait confiée Wallenstein ; que n’eût-il pas donné alors pour voir sortir de ce bourg un escadron enseignes déployées ! Mais déjà M. de la Guerche venait de tirer l’épée.

Jean de Werth l’imita.

— Vous avez dit que c’était un duel, reprit-il ; si je vous renverse, suis-je libre ?… Si je succombe, le capitaine Steinwald, qui m’accompagne, peut-il suivre sa route ?

— Je le jure ! dit Armand-Louis.

— Alors, bataille !

Armand-Louis et Jean de Werth mirent pied à terre, et, ayant choisi une place unie au milieu du pont, les deux adversaires croisèrent le fer.

Renaud se tenait debout à côté d’Armand-Louis, le capitaine Steinwald immobile auprès de Jean de Werth. Magnus et Carquefou gardaient les deux extrémités du pont.

Entre les deux combattants, même haine, même jeunesse, même ardeur, même force. La pointe des épées cherchait le cœur ; pas un mot, pas un cri, pas un soupir. On n’entendait que le froissement de l’acier rencontrant partout l’acier. Les chances semblaient égales : ni l’un ni l’autre des deux adversaires ne faiblissait, ni l’un ni l’autre ne reculait.

Mais ce n’était pas vainement que M. de la Guerche avait lutté contre Renaud et contre M. de Pappenheim. Quelle feinte ne lui était pas connue ? Quelle ruse, quelle attaque ne savait-il pas déjouer ? L’éclair de la colère passa sur le visage de Jean de Werth ; un instant son fer ne le couvrit pas tout