Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entier, et l’épée d’Armand, plus prompte qu’un dard, lui traversa le bras.

La main du Bavarois s’ouvrit et son arme tomba sur le pont. M. de la Guerche allait s’en saisir, lorsque Jean de Werth, la ramassant de la main qui restait libre, la précipita dans le fleuve.

— Périsse l’épée qui m’a trahi, et périsse la dragonne ! dit-il.

Mais d’un bond, et sautant par-dessus le parapet, Armand-Louis venait de suivre l’épée dans sa chute.

On le vit s’enfoncer dans l’eau bouillonnante, puis tout à coup reparaître, tenant d’une main l’épée où pendait la dragonne, et nageant de l’autre. Bientôt il eut gagné la rive.

Jean de Werth, pâle de fureur, soutenait d’une main son bras vaincu.

— Vous êtes libre, monsieur, dit Armand-Louis.

Sautant alors sur son cheval, que Magnus lui avait amené, il laissa Jean de Werth au milieu du pont.

Et, tandis que sa course effrénée le ramenait vers les lignes suédoises, Armand-Louis serrait sur son cœur la dragonne humide.

— Dieu bon, disait-il, Adrienne est à moi !

Lorsque M. de la Guerche et Renaud arrivèrent au camp de Gustave-Adolphe, le comte de Brahé venait d’y rentrer avec les deux jeunes filles confiées à sa garde.

M. de Pardaillan, plus fort que la maladie, était auprès du roi. N’ayant aucune nouvelle des deux aventuriers, pas plus que de Mlle de Souvigny et de Diane, il n’avait plus qu’un espoir, celui de les venger et de mourir.

Un grand bruit éclata tout à coup devant sa tente, et le son de deux voix aimées fit bondir son cœur.

Comme il se levait tout tremblant, Adrienne et Diane tombaient dans ses bras.