Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/345

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Tandis que Carquefou se relevait et ramassait Frissonnante, M. de Pardaillan fut en une minute sur M. de Pappenheim.

— Haut l’épée ! dit le comte.

— Vieillard ! répond le maréchal, la partie n’est pas égale.

Et, avec la rapidité d’une pierre lancée par la fronde, le coup qu’il porte à M. de Pardaillan arrache le fer aux mains du vieux marquis, dont le bras retombe tout sanglant.

— À d’autres, et hors d’ici les blessés ! crie le grand maréchal.

Cette fois, Renaud rompt le cercle formidable de sabres et de pistolets qui l’entoure, et arrive comme un lion sur M. de Pappenheim.

— Enfin ! dit le grand maréchal, qui le reconnaît.

Et ils s’abordent, pareils à deux taureaux. Leurs épées se choquent avec la vitesse du marteau frappant sur l’enclume ; mais les coups sont parés aussi rapidement qu’ils sont portés. La lutte avait cela de particulier, cependant, qu’elle augmentait, par la durée, le sang-froid et l’adresse de Renaud. Pappenheim, au contraire, qui voit les siens plier de toutes parts, veut les rallier et se faire reconnaître pour les animer de son exemple. Un instant son regard quitte les yeux de Renaud, et se dressant sur ses étiers :

— Ferme, cuirassiers, et en avant ! s’écrie-t-il.

Mais ses lèvres étaient encore ouvertes que déjà l’épée de Renaud avait glissé sous le bras du comte et traversé son épaule.

Un cri de rage s’échappe des lèvres du grand maréchal ; il veut continuer la lutte ; sa main alourdie fait un effort désespéré pour relever son arme, elle retombe sans force.