Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/346

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— Rendez-vous ! crie M. de Chaufontaine à son tour.

Mais les cuirassiers ont vu le péril de leur chef, une charge furieuse les porte entre les combattants ; ceux du duc Bernard et les dragons de M. de la Guerche se jettent dans la mêlée ; ce qu’il y avait encore d’arquebuses, de pistolets et de mousquets chargés fait feu, et Pappenheim, qui s’obstine à ne pas suivre ceux qui veulent l’entraîner dans leur retraite, tombe, la poitrine percée de deux balles. Une compagnie de cuirassiers se range alors autour de lui, et tandis qu’ils font à leur chef un rempart de leurs corps, on emporte le grand maréchal loin de la mêlée. Sa main inerte ne tenait plus l’épée.

— Ah ! s’il m’échappe ! s’écrie Renaud, cette victoire n’est plus une victoire !

Au moment où Gustave-Adolphe, atteint d’un coup mortel, vidait les arçons, le duc François-Albert de Lauenbourg, saisi d’une terreur folle, avait pris la fuite.

Son cheval effaré l’emportait sur le front de l’armée impériale, et lui, pris de vertige, criait :

— Le roi est mort ! le roi est mort !

Le capitaine Jacobus, à pied, l’épée au poing, s’acharnait auprès de sa victime expirante. Autour de lui, mousquetaires et lansquenets se disputaient les dépouilles du roi, son chapeau percé de balles, son justaucorps sanglant, son épée toute rouge, son manteau déchiré.

Armand-Louis, que Magnus, M. de Saint-Paer et M. de Collonges suivaient avec trente dragons, faisait de larges trouées dans ce cercle mouvant. Le capitaine Jacobus l’aperçut, et, se jetant sur un cheval qui errait sans maître, brandit en l’air son bras robuste.

— Il est trop tard ! dit-il, le roi est mort !

Et, comme une couleuvre qui se fraye un chemin au travers