Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/71

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y avait des heures où les plus folles résolutions leur traversaient l’esprit. Ils ne reculaient alors devant l’exécution que dans la crainte de compromettre davantage leurs compagnes. Seules, Adrienne et Diane se montraient plus fidèles à l’espérance.

— Que redoutez-vous ? disait Mlle de Souvigny d’une voix ferme. Vous ne me faites pas l’injure de penser que mon cœur puisse changer ? Ma vie a-t-elle été jusqu’à ce jour exempte de périls ? Me croyez-vous trop faible pour ne pas supporter les rigueurs de cette nouvelle épreuve ? Mon âme saura les accepter toutes, croyez-le, et rester digne du nom que je porte. Quelques jours, quelques mois peut-être nous séparent. Qu’est-ce, en présence des longues années que nous avons à parcourir ensemble ? Levez haut le front, et attendez tout de l’avenir. Le Dieu qui m’a tirée des mains de Mme d’Igomer, après nous avoir ensemble ramenés d’Anvers, pensez-vous qu’il n’aura pas un regard de pitié pour nous ? J’ai meilleure confiance que vous en Sa bonté. Un jour viendra peut-être où le souvenir de Magdebourg sera pour vous et pour moi comme le souvenir de ces tempêtes dont les matelots parlent en souriant. Qu’il sera loin dans le passé ! Donnez-moi votre main, Armand, et mettez votre espoir dans Celui qui ne trompe pas !

Diane parlait le même langage à Renaud, mais avec une nuance d’ironie qui marquait les différences de son caractère et de celui d’Adrienne.

— N’êtes-vous donc plus l’homme que j’ai connu disait-elle, le chevalier amoureux de périls et prompt à courir sus aux aventures ? Par hasard, votre dévotion à sainte Estocade se serait-elle amoindrie ? Ne croyez-vous plus cette bienheureuse personne en état de faire des miracles ? Elle vous a cependant laissé votre dague et votre épée, et n’a pas, que je sache fait disparaître l’héroïque Carquefou ! Renoncez-vous