Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/20

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Après cette digression nécessaire à l’intelligence de ce qui va suivre, revenons à notre histoire.

Une nouvelle troupe, dans laquelle se trouvaient deux individus nommés Happy et Emler, était arrivée de France depuis huit jours, sans argent ni ressources. Le duc résolut de se montrer encore une fois en public pour leur procurer de quoi manger ; il alla avec eux dans une auberge. Pendant qu’il émerveillait les assistants en portant une douzaine d’hommes sur ses bras et sur ses épaules, il entendit répéter de tous côtés qu’Happy avait été pris à voler des coqs dans la cour, et que les cris de ces animaux l’avaient trahi ; tandis que lui, le duc, était resté dans la chambre pour occuper la foule et faire diversion.

Les bourgeois de Gand ne pardonnent jamais un vol ; en vain le duc feignit-il de vouloir punir Happy, il fut arrêté lui-même ainsi qu’Emler, et on les condamna à être pendus comme voleurs ; on avait le droit, à cette époque, de faire périr les bohémiens toutes les fois qu’ils se laissaient prendre. En vain Michel voulut-il protester de son innocence et de celle d’Emler.

« — On fait avec nous comme on fait avec les souris ; une souris a-t-elle entamé un fromage, on dit aussitôt : les souris sont là ; on sème du poison, on