Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/21

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tend des pièges pour les tuer toutes ; pour nous, de même, pauvres bohémiens, nous ne sommes tranquilles qu’une fois pendus. »

Il fut condamné en effet à être pendu ; il versa des larmes amères, en pensant que lui, le dernier héritier mâle de sa noble maison, allait être mis à mort d’une manière si déshonorante. Bientôt sa bouche fut fermée jusqu’au jour du jugement, où il élèvera ses plaintes contre la dureté des riches, pour qui la vie d’un homme est peu de chose à côté de leurs vains trésors, et ces riches n’iront point dans le royaume du ciel où Bella retrouvera son père.

Lorsque Bella fut revenue de sa stupeur, elle s’écria :

— Mon rêve voulait donc dire que mon père serait élevé bien haut… Ah ! oui, maintenant il est élevé dans le ciel, où il pense à nous.

Le chien noir quitta alors, contre son habitude, la porte de la chambre, s’étendit aux pieds de la jeune fille, et poussa un hurlement plaintif.

— Toi aussi, tu le sais donc, Simson ? lui dit-elle.

Le chien secoua la tête.

— Veux-tu me servir fidèlement ?

Le chien secoua de nouveau la tête, courut vers la