Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/50

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maintenant cet enfant surnaturel, découvert au prix des plus grands dangers, occupait toutes ses pensées.

Dans son sommeil, elle vit le prince qu’elle avait presque oublié ; c’était dans un tournoi où l’on s’exerçait à lancer la flèche ; ses adversaires le défiaient et le provoquaient par la vigueur et l’adresse de leur tir, par l’habileté avec laquelle ils menaient leurs chevaux ; mais le prince les surpassait tous. Ses flèches allaient au ciel se planter dans les étoiles, et les faisaient tomber sur sa poitrine où elles venaient former une brillante parure. La plupart de ces étoiles s’éteignaient après quelques minutes. Mais il y en avait une qui étincelait au milieu de sa poitrine, et qui s’y enfonçait, s’y enfonçait toujours, et Bella ne pouvait en détacher les yeux. Là-dessus, elle se réveilla. Ne se souvenant plus à qui elle s’était si vivement intéressée, elle supposa que le petit homme racine était le héros de son rêve. Elle lui dit bonjour en s’éveillant, et le monstre lui répondit par un gémissement, comme un nouveau-né, en la regardant avec de petits yeux noirs et tout ronds, qui semblaient vouloir lui sortir de la tête. Son visage jaune et ridé réunissait l’expression de différents âges de la vie, et le millet avait déjà poussé sur sa tête en touffes hé-