Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle se moquait de lui, mais il ne l’avait qu’entendue, et depuis qu’il vivait, rien ne lui avait fait plus de plaisir que ce qu’elle venait de dire ; aussi il lui sauta au cou, et l’embrassa si fort que Bella, jalouse, le saisit et le mordit au lieu de l’embrasser à son tour.

Comme le petit n’entendait pas qu’on le traitât ainsi, il allait commencer une querelle, mais la vieille reprit la délibération qu’elle avait entamée.

— Vous vous battrez une autre fois, dit-elle, lorsque nous aurons le temps ; aujourd’hui il faut décider comment nous ferons pour entrer à Gand d’une manière honorable. Je connais à Buick une vieille marchande qui fournit le Conseil et qui nous donnera ce qu’il nous faut : un carrosse d’apparat, où nous mettrons monsieur Cornélius, en disant qu’il a été blessé en duel et qu’il est encore en convalescence.

— Non, non, dit le petit, je ne veux pas faire cela, la chose n’aurait qu’à m’arriver véritablement.

— Seulement, Monseigneur, continua la vieille, dans ce village, nous ne trouverons peut-être pas un costume digne de votre rang ! Ayez d’abord soin de couper soigneusement votre barbe et vos cheveux ; autrement, les gens vous prendraient pour Peau-d’Ours.

— Je suis peut-être de sa famille, dit le petit ; qui est ce Peau-d’Ours, où est-il ?