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ALFRED CAPUS

« Mes œuvres sérieuses, mes belles œuvres, celles que j’ai longuement enfantées, où j’ai mis le meilleur de moi-même et tout moi-même, ne contiennent pas un soupçon d’humour : je reste cependant pour le public un humoriste, un auteur gai, un ironiste, un pince-sans-rire, je suis le monsieur qui fait de l’humour, comme mon concierge est le monsieur « qui fait les courses et tout ce qui se présente ».

Alors une manière de folie saisit M. Capus. À grandes enjambées, il allait à travers la chambre, heurtant les fauteuils, bousculant les chaises, pestant, sacrant, montrant le poing à d’invisibles ennemis :

« Non, non, je le crierai, je le hurlerai, je suis un réaliste et rien qu’un réaliste, ni amer, ni gai, ni moral, ni immoral, ni ibsénien, ni tolstoïen, un réaliste simplement. Je regarde attentivement, mon œil perçant ne laisse rien échapper, je vois clair, et je dis clairement ce que je vois, sans délayage, sans recherche, sans ironie surtout et sans raillerie. Mon vrai père s’appelle M. Lesage, celui de Gil Blas.