Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/177

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à l’intérieur, les fines arcades du cloître. À côté, le théâtre occupe l’emplacement de l’hôtellerie. Or ce couvent, le plus illustre parmi tant de couvents bâtis à Colmar, c’est le couvent des Unterlinden : il perpétue le souvenir de la plus belle floraison mystique qu’aient jamais vue les siècles écoulés. Il avait été fondé en 1232, d’abord selon la règle de saint Augustin, par deux veuves, Agnès de Hergenheim et Agnès de Mittelheim. Après s’être transféré, pour s’agrandir, en un endoit isolé appelé Uf Muhlen, auprès d’une chapelle de saint Jean, il retourna, sous la crainte des pillards, à sa demeure primitive et passa sous la règle de saint Dominique. Les religieuses étaient alors au nombre de huit, presque toutes sorties d’humbles familles villageoises. Très vite leur piété et leur zèle, les souffrances qu’elles s’infligeaient afin de réduire le corps à n’être que l’instrument docile de l’esprit, provoquèrent parmi elles des visions, des extases, voire le don de prophétie : dans les