Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

selles Mangold, héritières des dernières religieuses. Une humble sœur converse, sœur Agnès, ne pouvait se résoudre à le regarder, si vive était sa douleur des souffrances que le Christ avait endurées, et elle baissait son voile toutes les fois que ses pas la menaient devant lui. Le Provincial, au cours d’une visite, blâma sa faiblesse et lui ordonna de s’agenouiller, le voile levé, devant la croix ; elle obéit, un cri étouffé s’échappa de ses lèvres, et elle retomba. Elle était morte d’amour et de dévotion. Elle repose à l’endroit même où elle rendit le dernier soupir. Pour Gertrude de Hergenheim, le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, les mille bruits de la nature semblaient un hymne de reconnaissance envers Dieu. La rose épanouie lui montrait l’image de l’amour ardent et chaste, le lis, l’image de l’innocence. Elle découvrait un aspect symbolique chargé de poésie aux arbres, aux animaux, aux plantes. Souvent les sœurs entendaient l’admirable harmonie des chants célestes ; de