Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/181

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délicieux parfums enivraient leurs âmes ; des lueurs mystérieuses, de brillantes étoiles, des nuages d’or et de pourpre rayonnaient autour d’elles… La Révolution mit fin brutalement à ces visions, à ces extases ; elle ferma le couvent, chassa les religieuses : la dernière mourut en 1855, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Quand le Père Lacordaire vint prêcher à Strasbourg, il alla saluer la sœur Henriette Spiess qui, âgée de vingt-huit ans au moment de la dispersion, vivait retirée chez les siens… Il voulait voir de ses yeux une de ces fleurs mystiques dont le parfum avait embaumé toute l’Europe chrétienne.

Les mêmes murs abritent aujourd’hui la gloire artistique de Colmar et tout ce qui résume son existence. Si l’on veut se représenter les mœurs de l’ancien temps, ses usages, sa figure, on étudiera ces fragments de sculpture et d’architecture, ces armes, ces meubles, ces graves portraits des premiers présidents du Conseil souverain, ces sceaux