Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment stérilisée. L’histoire n’est-elle qu’un prétexte : on reproche aux personnages fictifs tout le romanesque dont ils sont chargés. Si les personnages, réels en fait, sont transformés par l’auteur au gré de sa fantaisie, ce n’est plus que du travestissement. Erckmann et Chatrian ont bien pris des personnages historiques, en ce sens que ces personnages sont les acteurs de l’histoire intérieure ou extérieure, mais ils les ont pris représentatifs d’une classe, d’un parti, d’une croyance, à une époque donnée, et particulièrement représentatifs du peuple et de la petite bourgeoisie. C’est là leur très rare originalité.

Bien avant que parussent ces mémoires, ces carnets de campagne, ces journaux de route, dus à des sergents, à des capitaines, à de simples grenadiers ou à de petits bourgeois, et qui ont jeté sur la Révolution et le premier Empire une si vive clarté, Erckmann-Chatrian avaient découvert une manière à la fois romanesque et véridique de raconter l’histoire. Tant de mémoires publiés ensuite