Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/277

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n’ont fait que confirmer l’exactitude de leurs récits. On imagine aisément comment une telle idée vint aux deux collaborateurs. Ils étaient nés assez tôt, non seulement pour avoir connu les survivants de ces temps prodigieux, mais encore pour les avoir beaucoup fréquentés, les avoir écoutés, avoir vécu dans leur intimité. Toute leur enfance et toute leur jeunesse, ils n’entendirent parler que de la Révolution et de l’Empire par ces vieux soldats et ces vieux bourgeois qu’enfiévrait encore la mémoire des grandes choses accomplies, et, en les écoutant, ils écoutaient parler le peuple même de la France. Bien plus, ils eurent entre les mains des papiers rédigés au jour le jour, pendant les guerres, par certains de ces modestes héros. Quand ils songèrent à commencer leur série de romans nationaux, ils n’eurent qu’à se rappeler. « Je viens de lire l’illustre Docteur Mathéus, d’Erckmann-Chatrian, — écrivait Flaubert ; ces deux cocos ont l’âme plébéienne. » Ce mépris est en l’occurrence un éloge dont Flau-